Bien que le nom Pérou évoque de façon presque immédiate et inévitable les images du Machu Picchu et de l’empire fondé par les incas, il est possible de découvrir à travers ses routes l’immense patrimoine archéologique hérité de civilisations plus anciennes, témoignage de leur développement ainsi que de de leur art, leurs mœurs et leurs cérémonies rituelles.
Une histoire riche en événements
L’histoire mouvementée du Pérou a donné naissance à une culture bouillonnante et produit des merveilles d’art et d’architecture. Terre légendaire des Incas, maîtres d’œuvre de cités majestueuses bâties dans les lieux les plus improbables, le pays porte également l’héritage de civilisations moins connues, mais tout aussi intéressantes : les ruines chimús, les céramiques moches ou les textiles paracas… Et comment ne pas s’enthousiasmer devant les gigantesques dessins du désert de Nazca, une des grandes énigmes de notre planète ?
Dans de nombreuses régions, on parle encore des dialectes millénaires, dont le quechua, la langue des Incas. Dans les montagnes, dans le désert ou dans la jungle, les modes de vie évoluent, mais l’identité des peuples demeure.
Arequipa, Pérou © Locoterroir
Pour les voyageurs, vingt milles ans d’histoire se laissent apprécier dans un des plus grands réseaux archéologiques du monde et le plus grand d’Amérique du Sud. Les progrès atteints par les anciens Péruviens dans les sciences et les arts ne cessent de surprendre. Il y a Caral, la ville la plus ancienne d’Amérique et Machu Picchu, la citadelle inca élue une des sept nouvelles merveilles de la planète. Le Pérou est l’un des pays les plus variés au monde. Il est multiculturel, riche en traditions, a une gastronomie reconnue mondialement et de vastes réserves naturelles. Il détient 12 sites inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco.
Les civilisations pré-incas
La civilisation Inca est apparue assez tard dans le processus de développement culturel des Andes pré-hispaniques et son histoire occupe tout juste un siècle contre les 20.000 ans de présence de l’homme dans le territoire péruvien.
Bien avant les Incas, et alors que des foyers de civilisation se développaient, comme la Mésopotamie, l’Égypte, l’Inde et la Chine (3000 et 2000 av. J.C.), on construisit Caral, première expression américaine d’une colonie urbaine de l’ère du pré-céramique, avec une architecture monumentale sur une surface supérieure à 10 ha.
Vestiges de Caral, Pérou © jdbenthien
C’est plus tard que les Chavín (1000 – 300 av. J.C.), dans le nord des Andes, firent des progrès significatifs en architecture, en ingénierie, et en agriculture. La civilisation chavín fut la première à unifier culturellement le Pérou. Elle a influencé les civilisations ultérieures pendant des siècles. Il en reste le magnifique temple de Chavìn de Huantar, à l’est de Huaraz.
Développée le long de la côte, au centre et au sud du Pérou, la culture Paracas (de 700 à 400 av. J.-C.) a légué des nécropoles, des momies, des tissus considérés comme les textiles précolombiens les plus beaux d’Amérique du Sud. Tous ces vestiges ont été extrêmement bien conservés, en raison du climat sec et aride de la côte péruvienne.
Prolongeant la culture Paracas, la civilisation Nazca (de 100 av. J.-C. à 800) s’est distinguée par une grande connaissance de l’hydrographie, qui lui a permis de construire de savants canaux souterrains en pierre dans le désert et de cultiver intensivement le maïs. C’est à cette culture qu’on attribue généralement les fameuses figures géantes creusées dans le désert, sur la côte près d’Ica. Une des grandes énigmes de l’histoire, puisqu’on ne peut comprendre ces dessins que d’avion…
Lignes de Nazca, Pérou © Monika Neumann
Sur la côte nord, la civilisation Mocha (100 avant J.C. -800 après J.C.) excelle dans l’orfèvrerie et l’architecture, notamment avec ses temples de la Lune et du Soleil, construits en brique d’argile et de forme pyramidale. Mais c’est sa céramique qui suscite le plus d’enthousiasme. Célébrant toutes les formes de la fécondité et de la virilité, les Moches n’hésitent pas à représenter toutes les positions imaginables de l’accouplement.
La cité de Huari, située près d’Ayacucho, connaît un fort essor commercial et guerrier à partir de 600. Cette civilisation colonise alors d’autres cultures jusqu’en Bolivie et au nord de l’Argentine et du Chili. Très influencée par la culture tiahuanaco des rives du lac Titicaca, elle en diffuse les principes. Les caractéristiques guerrières, administratives et religieuses de cette civilisation font qu’on la considère comme un véritable empire. Elle marque le début d’une organisation planifiée dans les Andes et a notamment légué à la postérité la méthode de la culture en terrasses.
Ce même territoire fut par la suite le territoire des Chimú (1200 – 1400) dont le vestige le plus connu est la citadelle de Chan-Chan, un gigantesque labyrinthe avec des murailles en adobe (mélange d’argile et de paille) de 13 m de hauteur qui présente un travail architectonique très raffiné.
Ruines de Chan-Chan, Trujillo, Pérou © Alicia0928 (CC BY 2.0)
Les Incas
Les Incas ont surtout su tirer profit des acquis des civilisations passées, mais se distinguent par leurs colossales constructions. Leurs cités, en autres celles de Machu Picchu, de Pisac, ou de Sacsahuamán, témoignent d’une maîtrise parfaite de la taille de la pierre. Pas un souffle d’air ne peut passer entre les gigantesques pierres, dont certaines mesurent plusieurs mètres de hauteur.
Les Incas ont aussi mis en place un réseau de routes, de ponts suspendus et de chemins, long de 24 000 km, favorisant l’approvisionnement de denrées alimentaires. Les Incas ont travaillé avec brio les métaux précieux – dont l’or et l’argent -, ainsi que le bois et la pierre, avec par exemple d’impressionnants bas-reliefs zoomorphes. Ils ont façonné des céramiques aux dessins géométriques et produit des tissus d’une grande finesse.
L’origine des Incas reste mystérieuse. Qu’ils soient venus de la région du lac Titicaca ou des hautes plaines de l’Amazone, toujours est-il qu’ils s’installent dans la vallée de Cuzco vers 1200.
Terrasses de Pisac, Pérou © Bret Fischer
Un pays festif
Le Pérou est un pays extraordinairement vivant, en témoignent ses innombrables festivals, débauche de ferveur religieuse et de danses colorées. Dans ce pays latin par excellence, la vie quotidienne est rude, mais tellement humaine et diverse. Fête de l’Inti Raymi à Cuzco, fête de l’Indépendance, fêtes d’Arequipa, fête de Santa Rosa, fête de la Vierge de la Candelaria à Puno. patronne de Lima… au Pérou, près de 3 000 fêtes sont célébrées chaque année. Le sacré et le profane se mêlent joyeusement dans ces fêtes où s’enchaînent messes, processions, défilés, danses, pèlerinages, repas et foires artisanales. Les costumes pailletés et bariolés et les masques rappelant des événements historiques nationaux ou bien les mythes et les divinités en mettent plein la vue… Les carnavals, particulièrement bien fêtés, transforment les villes en champs de tirs de bombes à eau.
Les musiques andines allient les sons de la quena (flûte en bambou), des zampoñas (flûtes de Pan), des ocarinas, des grelots, et de divers instruments à cordes et percussions. Pour accompagner les différents morceaux, il existe des centaines de danses traditionnelles. Les musiques du littoral allient les influences espagnole et africaine pour donner la música criolla. Les danses les plus populaires sont la gracieuse marinera ou la brûlante alcatraz. Dans les boîtes de nuit, les jeunes se déhanchent sur du rock espagnol, de la salsa, du merengue et sur les très populaires cumbia et chicha, importées de Colombie.
Danseuse en tenue traditionnelle, Lima, Pérou © Alex Phillc
Art, artisanat et culture
Reflet de pays multiculturels et multiethniques, l’art est d’une qualité et d’une diversité exceptionnelles. Il intègre les richesses des civilisations pré-inca et inca, de la culture espagnole, tout en s’ouvrant aux influences internationales. Modernité et tradition se complètent sans se détrôner : le folklore des danses, des musiques et de l’artisanat traditionnels indigènes côtoient l’art abstrait, les cybercafés et la « techno-cumbia ».
Le Pérou est un des pays d’Amérique du Sud qui a gardé le plus de traces de la conquête coloniale. Églises, palais, monastères témoignent d’une architecture originale, mêlant l’art roman et gothique à des éléments hérités de la culture indienne. L’art baroque espagnol, le churrigueresque, caractérisé par un foisonnement de motifs décoratifs et une abondance de dorures, habille de véritables petits bijoux architecturaux. On peut les contempler à Arequipa, à Cuzco et dans la capitale bolivienne, Sucre.
Le Pérou possède un artisanat des plus vivace et coloré. Tissage du coton et laines des différents camélidés des Andes donnent de superbes ponchos, pulls, gants et couvertures. On trouve d’adorables retablos, des triptyques miniatures en bois à volets peints représentant les divinités indiennes. Les marchés artisanaux regorgent de petites églises miniatures en argile, de calebasses pyrogravées et peintes, de miroirs aux cadres en bois dorés à motifs floraux, de masques de carnaval, de cierges de couleur à motifs géométriques, et d’une multitude de céramiques.
Marché, Chinchero, Pérou © James Preston (CC BY 2.0)
Une nature exceptionnelle
Une diversité de paysages source de de découvertes et d’activité nature de toute sorte. A l’ouest, se trouve le littoral, long de 2 600 km, sur lequel s’enchaînent plaines, déserts et oasis. Il est également entrecoupé de vallées fertiles abritant plusieurs villes importantes, dont la capitale, Lima.
La cordillère des Andes, deuxième plus grande chaîne montagneuse du monde après l’Himalaya, traverse le pays du nord au sud et sépare le littoral de l’est du pays. Vertigineuse, composée de volcans et de canyons profonds, la cordillère se situe principalement entre 3 000 et 4 000 m d’altitude. Le pic d’Huascarán culmine à 6 768 m d’altitude. À l’est s’étend la forêt amazonienne, occupant 60 % du territoire.
Le Pérou abrite ainsi une faune et une flore parmi les plus riches du monde. Le parc du Manu, près de Cuzco, ou Paracas, au sud de Lima, témoignent de cette extraordinaire biodiversité. Oiseaux de mer, pélicans, cormorans, sternes planent sur le littoral. Les camélidés – lamas, alpagas, guanacos et vigognes – paressent sur les hauteurs andines et côtoient le plus grand oiseau du monde, le condor, dont les ailes peuvent atteindre 3 m d’envergure.
Condor des Andes, Pérou © jmarti
La forêt amazonienne fourmille de milliers d’espèces animales – multiples insectes, singes hurleurs, singes-araignées, paracas, pumas – qui s’ébattent au milieu d’une végétation foisonnante et d’immenses arbres aux silhouettes torturées, dont le fromager, qui dépasse facilement 50 m de hauteur.
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